Depuis cet été, les déclarations se succèdent pour nous prévenir de l’augmentation grandissante de la menace terroriste. Tout d’abord, on nous apprend qu’on a augmenté la vigilance de la mission Vigipirate, plus récemment, c’est le chef de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI) qui assure que «la France est sous le coup d'une menace terroriste majeure», enfin, le ministre Brice Hortefeux nous affirme que le risque d’un attentat s’est renforcé en France… Stratégie électorale ou menace réelle ? Les deux, mon général.
Tout d’abord, le gouvernement est en situation délicate. L’été pourri par l’affaire Woerth, la rentrée sociale agitée et une sortie de crise économique qui a du mal à se manifester l'incitent à chercher un moyen d’attirer l’attention sur autre chose. Pour le coup, la menace terroriste paraît être une belle esquive. Elle a parfaitement fonctionné Outre-Atlantique pour George W. Bush, elle devrait pouvoir fonctionner pour Nicolas Sarkozy.
C’est assez pratique car depuis 1995, sans interruption, tous les Français qui voyagent voient des militaires patrouiller dans les gares et les aéroports français les plus importants, c’est le plan Vigipirate. Depuis 2001, nous avons régulièrement droit à des rappels à la vigilance de la part de nos politiques, en particulier en 2005 qui a fait passer Vigipirate au niveau rouge, sans jamais redescendre depuis… Une façon d’appeler en permanence au loup, et on sait ce qu’il en coûte d’agir ainsi. Alors, il ne faut pas oublier de nous sortir de temps en temps de notre léthargie pour qu’on se souvienne pourquoi on a élu M. Sarkozy, et pourquoi il faut absolument continuer à lui apporter notre soutien, car lui seul peut réduire les risques… On parle d’un niveau rouge renforcé. Notion floue, totalement inconnue du grand publique et qui n’existe pas. D’ailleurs, les militaires qui ont assuré les relèves des mois de juillet et août dernier n’ont reçu aucune consigne particulière par rapport à une quelconque menace grandissante !
Cela étant, les spécialistes, qui n’ont pas d’intérêt électoral, sont d’accords pour reonnaître que la menace s’est marginalement accrue ces derniers temps. La tentative de libérer Michel Germaneau, le retour en Europe de jeunes partis s’entraîner dans les camps d’Al Qaïda en zone pakistano-afghane, la multiplication des alertes chez nos voisins européens montrent la réalité de cette menace, mais elle demeure marginale…Un jour ou l’autre, on aura un attentat car un ou deux hommes auront réussi à passer les mailles du filet, c’est la triste réalité de la lutte contre le terrorisme. Au final, les services de renseignement français font un travail efficace qui permet de déjouer deux ou trois actions terroristes réelles. La république serait bien inspirée de se souvenir que la sécurité extérieure et intérieure est une mission régalienne, et que son rôle est de la remplir. Celui des gouvernants est d’appuyer les services de renseignement dans leur travail, et non pas d’affoler les populations avec des visées électoralistes… Mais peut-on réellement demander autre chose à la république ?
